Evelyne Pagès : le rôle capital des attachés de presse

Dans le monde très fermé de l’audiovisuel, Evelyne Pagès est un cas à part, car ce n’est pas elle qui a choisi la radio, c’est la radio qui l’a choisie . Effectivement, qu’y a-t-il de commun entre  » La Carrière » ( Quai d’Orsay ), illustre maison dont elle préparait le concours d’entrée et la radio télévision française, dont elle sera  » la voix  » pendant plus de 30 ans. A ce compte, la France a perdu un diplomate de choc, mais les média ont gagné un timbre chaleureux et furieusement parisien. Aujourd’hui, Evelyne Pagès partage son temps entre la préparation des interviews de personnalités ( Chirac, Adjani, Guerlain… ) pour le magazine franco-américain  » Champs-Elysées  » et ses autres activités dictées par la passion et la générosité, deux qualités qu’Evelyne porte depuis la naissance.

En contact depuis ses débuts avec les attachés de Presse, Evelyne apporte un éclairage précieux sur notre profession.

Planète-RP : Vous avez côtoyé beaucoup d’attachés de presse. Que vous évoque ce métier ?

Evelyne Pagès : Pour moi, les attachés de presse ont toujours joué un rôle capital dans mon travail. J’en ai fréquenté tout au long de ma carrière, certains sont même devenus des amis. Je les admire, car depuis quelques années on assiste tout de même à une surmultiplication des média, ce qui ne doit pas rendre leur tâche facile. Je me rappelle m’être rendue au Festival de Cannes plusieurs années de suite pour France 2. Et bien, croyiez moi, en 10 ans, la liste des journalistes à se disputer la moindre interview s’est dramatiquement allongée…les attachés de presse disposent donc aujourd’hui d’un pouvoir important mais dont il leur faut user avec modestie et professionnalisme…la tentation existe toujours de vouloir devenir calife à la place du calife ( sourires ). Dans l’ensemble, je les trouve tout de même professionnels, même si parfois j’ai reçu des appels de jeunes personnes me posant naïvement la question,  » Madame Page (SIC), que faites vous à RTL ? « .

PRP : Vous qui avez interviewé des personnalités aux quatre coins de la planète, avez-vous constaté des différences culturelles entre les attachés de presse français et étrangers ?

EP : S’il existe une différence que j’ai pu constater à plusieurs reprises, elle concerne les attachés de presse américains. J’ai toujours été impressionné par leur maniement du chronomètre en interview. Avec les américains c’est  » 5 minutes et pas une seconde de plus « .

PRP : Quelle vision portez-vous sur le journalisme aujourd’hui ?

EP : Je pense que l’évolution que je rappelais, concernant les média, se retrouve dans la façon de travailler des journalistes. Ils laissent de plus en plus de côté la phase préparatoire de leur travail, ce qui a pour conséquence de produire un résultat approximatif et de moins bonne qualité. Les journalistes ont tendance à reproduire le contenu des dossiers de presse et d’y puiser les questions de leurs interviews au lieu de chercher à aborder des aspects plus originaux. J’ai à ce sujet une anecdote savoureuse empruntée à Brian de Palma que j’avais rencontré lors du Festival de Deauville. Il avait filmé l’ensemble des interviews de promotion de son film et avait ensuite mis bout à bout les séquences. A l’arrivée on obtenait une série de questions roborative et sans aucune originalité, preuve que les journalistes ne brillent pas toujours par leur imagination…

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