Erik Lavarde, pouvez-vous vous présenter brièvement ? Quel est votre parcours, votre association et la fonction que vous y occupez ?
J’ai 32 ans. J’ai découvert le monde associatif il y a plus de 10 ans au sein de Radio Campus Paris, et j’ai exercé plusieurs fonctions autour de la communication, aussi bien en tant que bénévole qu’en tant que salarié, au sein de plusieurs structures dont l’AFM et Amnesty International. J’occupe depuis 2 ans le poste de chargé de la communication au sein de la CPCA, la Conférence permanente des coordinations associatives. Il s’agit d’une structure qui représente auprès des instances publiques le mouvement associatif organisé, soit 16 coordinations, soit 700 fédérations pour près de 500 000 associations en France.
Coordonner la communication d’un tel réseau d’associations doit être un véritable casse-tête. Comment vous y prenez-vous ?
Les 16 coordinations membres de la CPCA représentent des regroupements sectoriels (sport, sanitaire et social, tourisme social…) ou affinitaires (éducation populaire, droits humains…) et ont, pour la plupart d’entre elles, leur propre service de communication. Mon rôle est donc autant de collecter et diffuser les infos de nos membres que de produire ou diffuser du contenu purement CPCA.
Cependant, certaines thématiques englobent l’ensemble du monde associatif, et permettent à la CPCA d’interroger ses membres et de produire des positions communes à partir de la richesse et de la diversité de ceux-ci. Ces grands axes sont le bénévolat et plus généralement l’engagement associatif, le financement des associations, le dialogue civil, et bien entendu l’Europe.
J’étais déjà présent pour la première édition, par curiosité. La rencontre avec les organisatrices, les sujets abordés et le rôle que peut jouer une association de professionnel(le)s m’ont clairement inspirés. Enfin, et surtout, l’échange de bonnes pratiques, la découverte de ce qui se fait ailleurs, en bien ou en mal, fait selon moi partie des obligations des chargés de com en association. Ces rencontres sont l’occasion de relever la tête du guidon pour regarder le paysage, de voir la famille, proche ou éloignée, de prendre des nouvelles et d’en donner… C’est important de prendre des nouvelles de la famille, non ?
Vous publiez de nombreux rapports et études. Lors de la médiatisation de ceux-ci, avez-vous l’impression que les journalistes et les médias sont plus influencés par le secteur privé (et commercial) que par le milieu associatif ?
Influencés, je ne sais pas. La théorie des médias sous contrôle du secteur marchand (marchands d’armes ajouteront les plus cyniques), ne laissant aucune marge de manœuvre aux “petits soldats de l’info” est à mon avis à nuancer. Mais il faut être lucide : la présentation des résultats annuels de telle société cotée à la Bourse de Paris a beaucoup plus de chances d’avoir une couverture médiatique que notre dernière étude portant sur le financement du monde associatif (dont je conseille vivement la lecture, soit-dit en passant). Et parmi le million d’association en France, toutes ou presque ont des choses à dire, un message à faire passer, un projet à défendre…
Pour quelles raisons les journalistes couvriraient plus facilement une étude (d’une société commerciale) plutôt qu’une autre (associative) ? Il n’y a pas qu’une seule raison : l’habitude peut-être, le professionnalisme et les moyens des structures privées, la méconnaissance réciproque des milieux associatifs et médiatiques, et par là même, la méfiance qui peut en découler, les temporalités aussi qui diffèrent…
Je pense que la communication associative a des spécificités, et qu’elle doit s’appuyer sur celles-ci pour se démarquer de la communication du secteur privé marchand. A nous, chargés de com en association, de continuer à trouver des moyens d’innover, d’inverser la tendance en attirant les journalistes sans trahir l’esprit de nos associations.
Selon votre site web, vous avez mené de nombreuses campagnes pendant les élections françaises. Comment faites-vous entendre votre voix et celles des associations que vous représentez quand les médias et les journalistes sont inondés d’information ?
C’est l’un des objectifs majeurs de la communication d’une structure comme la nôtre : faire en sorte que les enjeux et les évolutions du monde associatif deviennent des sujets de débats au cours des différentes campagnes électorales. Il s’agit donc tout autant de faire connaître nos propositions aux candidats, d’en discuter avec eux, que de les diffuser par voie de presse. Pour les élections présidentielles, nous avons été les premiers à faire passer un oral à 5 candidats au mois de janvier 2007. (bien avant Nicolas Hulot, oui oui !!). Malgré l’absence de Nicolas Sarkozy, les retombées presse ont été nombreuses. Mais l’enjeu a surtout été la diffusion auprès des futurs élus de notre plateforme de propositions élaborée pour cette occasion, plateforme écrite collégialement et regroupant les revendications du monde associatif organisé.
Votre site web est doté de nouvelles technologies comme le RSS, etc. Quels plus a apporté Internet et le web 2.0 à votre communication ?
Internet est, comme bon nombre de structures, un moyen simple de toucher ses publics, que ce soit de manière statique, comme dans la précédente version du site de la CPCA, ou dynamique comme aujourd’hui. Le 2.0 ajoute une interaction choisie entre les utilisateurs et le fournisseur de contenu. Le RSS permet non seulement de proposer nos articles à celles et ceux qui le souhaitent, mais aussi de récupérer les infos publiées par nos partenaires et nos membres. Cependant, la refonte du site est très récente, et il est un peu tôt pour tirer des conclusions ces nouvelles fonctionnalités.
Plus d’infos :
www.bancsdelacom.org