Dans moins d’une semaine aura lieu le grand rendez-vous de la communication associative, les Bancs de la com’. Dans la perspective de cette grande messe des chargés de communication associatif dont Categorynet.com est partenaire média, rencontre aujourd’hui avec Christophe Lebel, responsable communication de l’association Les Petits Débrouillards – Île-de-France.
Christophe Lebel, vous êtes responsable communication de l’association Les Petits Débrouillards – Île-de-France. Pouvez-vous nous présenter rapidement votre structure, ses objectifs ? Depuis 1984, Les Petits Débrouillards offrent aux enfants et aux jeunes des activités scientifiques et techniques, et participent de manière significative aux débats de société sur l’éducation et la culture. Organisés en réseau, ils contribuent à former des citoyens actifs, capables d’opinions réfléchies et critiques, acteurs de la construction du monde de demain.
Nous développons, en partenariat avec de nombreuses structures scientifiques, institutionnelles, sociales ou pédagogiques des animations scientifiques, des formations d’adultes sur la démarche expérimentale, des aides au projet ainsi que des outils pédagogiques pour proposer de nouveaux supports d’échange, de questionnement et d’observation.
Ainsi en France, 160 salariés et 3 000 bénévoles permettent chaque année à près de 500 000 bénéficiaires, dont 70 000 en Île-de-France, de découvrir les sciences de manière ludique.
La communication au sein de votre association est gérée en région et au niveau national. Est-ce que cela ne créée pas parfois des courts-circuits ou des soucis de communication ? Nous avons la particularité d’agir en réseau et non pas en fédération. En communication, il y a donc davantage de coopération et d’échanges que de directives descendantes. Cette liberté et la démocratie inhérente à la structure associative engendrent une réflexion commune, comme dernièrement lors du changement de notre logo.
Des acteurs du privé viennent vous concurrencer. Comment pouvez-vous rivaliser face à ces structures qui ont des moyens de publicité et de communication bien plus importants ? Nous sommes présents sur le terrain depuis plus de 20 ans. Grâce à la qualité de notre projet associatif, nous bénéficions d’une notoriété et d’une confiance acquises et maintenues auprès de nos nombreux partenaires. Je crois sincèrement que la pertinente de nos actions ainsi que l’engagement quotidien de nos membres constituent notre meilleure force de communication.
Communiquer avec de petits budgets ne doit pas toujours être facile. Vous ne devez pas avoir accès à tous les outils de com’ souhaités. Comment maintenez-vous un niveau de qualité pour votre communication ? Partagez vous des ressources (outils divers, accès à des banques de données) avec d’autres organisations ? Nous sommes en effet toujours à la recherche de solutions cohérentes avec notre public et notre budget, constitué en grande partie de fonds publics. Cette particularité nous impose d’optimiser au maximum ces ressources et de choisir le plus finement possible les outils adaptés à notre stratégie de communication. C’est ainsi que la communication restera au service du projet associatif.
Le 11 octobre prochain, les bancs de la com’, l’association des chargés de communication associatif organise à Paris la première rencontre de la communication associative. Une journée complète durant laquelle les pros de la com’ associative partageront leurs expériences et débattront de leur métier et de ses particularités. Cet événément ,en partenariat avec Categorynet.com, permettra aussi de mettre en exergue un secteur de la communication considéré, par certains, comme marginal. En prélude de cette rencontre, découverte du métier de chargé de com’ associatif, avec Julie Bégin. Julie, issue du Canada, est aujourd’hui chargée de communication du Centre européen de santé humanitaire (CESH).
Julie Begin
Julie Bégin, vous êtes chargée de communication dans le secteur associatif. Qu’est-ce qui à votre sens distingue un chargé de com’ classique d’un chargé de communication associatif ?
Le premier réflexe est bien entendu de vous répondre « les moyens »! Moi qui ai travaillé plusieurs années dans le privé, notamment dans une agence de communication, je me suis retrouvée un peu démunie lorsque j’ai atterri dans le milieu des ONG. Non seulement doit-on faire des miracles avec très peu de budget (quand on a un budget!), mais en outre on demande une polyvalence bien plus importante, spécifiquement à cause de ce frein budgétaire. Ainsi, alors que j’ai été formée comme rédactrice-conceptrice, je me suis rapidement retrouvée à faire la mise en page et le graphisme de certains outils – alors que le professionnalisme exigerait qu’on fasse appel à de vrais graphistes, on ne fait pas faire sa plomberie par un électricien !! – ou encore l’animation de débats, la collecte de fonds, la représentation, bref, des métiers à part entière pour lesquels, au départ, je ne me sentais pas qualifiée! Pourtant, c’est justement ce qui me plaît le plus du milieu, cette possibilité de toucher à tout! Par ailleurs, si j’ai choisi de faire cette transition de la communication dans le privé vers la solidarité internationale, c’est d’abord à cause d’une recherche de sens. Sans vouloir caricaturer, il existe une superficialité dans certains milieux de la communication et du marketing en agence que j’avais de plus en plus de mal à supporter. Travailler dans l’humanitaire m’a d’une certaine façon réconciliée avec mes valeurs personnelles. Je m’y sentais davantage dans mon élément, je partageais plus de choses avec les autres membres de l’équipe et j’y étais en accord avec le contenu. Par contre, je m’ennuie parfois du temps où j’étais reconnue comme une spécialiste et que je pouvais faire appel à d’autres professionnels (photographes, graphistes, cinéastes…) pour réaliser une idée.
Quelles sont les plus grandes difficultés/freins que vous rencontrez dans votre mission de chargée de communication associatif ?
D’abord, je dois dire qu’en France, la profession de ‘communicateur’ est difficilement reconnue en général. Quand je suis débarquée de mon Québec natal, il y a trois ans, j’ai eu l’impression de revenir en début de carrière, de devoir justifier chaque action, d’avoir à expliquer que je n’étais pas une secrétaire, mais une professionnelle capable de planifier et de mettre en oeuvre un plan de communication avec des objectifs et des résultats. Je crois que le fait d’être dans un milieu où la profession médicale est fortement représentée contribue aussi à cette perception de notre métier, mais pas uniquement. La profession me semble encore très peu légitimée, et ce sentiment est également partagé par des Françaises que j’ai connues tant dans le monde associatif par le CESH, que dans d’autres secteurs. Et dans la sphère de la solidarité internationale, ce phénomène semble encore amplifié. En outre, je me heurte souvent – et plusieurs des chargées de com associatives m’ont confié vivre le même problème – à une sorte de dédain ou de peur du communicant. « Communiquer, c’est faire de la propagande, c’est un truc de commerciaux » peut-on entendre… Or la plupart des personnes qui oeuvrent en ONG – ce n’est un secret pour personne – sont des militants bien à gauche en général et voient dans la ‘com’ un instrument de pervertissement, parce que issue du capitalisme sauvage, cause de bien des inégalités contre lesquelles ils s’emploient à se battre. Pourtant, en ce qui me concerne, on devrait y voir un simple outil pour faire connaître la cause, à condition bien sûr de l’utiliser de façon éthique. Le plaidoyer n’est-il pas un incroyable outil de mobilisation pour soutenir différentes causes? Et pourtant, qu’est-ce qu’un campagne de sensibilisation sinon de la communication? Et l’impact est capital!
Quelle formation avez-vous suivi pour aboutir dans la communication associative ?
Après une formation littéraire, j’ai fait des études universitaires dans mon pays, qui incluaient « une majeure » en rédaction française et une « mineure » en communication. Mais chez nous, on porte moins d’attention à la formation initiale. L’esprit nord américain s’intéresse d’abord au savoir-faire et à la capacité de chaque personne. Je crois aussi que mon engagement personnel dans différentes causes et ma connaissance de trois langues m’ont été très utiles lorsque j’ai voulu travailler en ONG.
Pensez-vous qu’il y ait un souci de professionnalisation dans le secteur de la com’ associative ? On parle toujours d’amateurisme et de petits moyens. Quelle est votre impression?
Je me souviens qu’à la Fédération des femmes du Québec, qui a organisé la Marche mondiale des femmes, j’avais été frappée de la réponse qu’on m’avait faite lorsque j’avais demandé le salaire à l’embauche. Nous devons, m’a-t-on dit, donner l’exemple en offrant à nos employées de bonnes conditions. Nous avons pour mission de combattre la pauvreté, il n’est pas question que nos salariés soient mal payés! En général, il est vrai que la professionnalisation dans les ONG est bien plus généralisée au Québec. Et notre profession n’y fait pas exception. Il faut dire que les actions de solidarité canadiennes sont davantage orientées vers le développement que l’urgence, ce qui implique de garder des employés plusieurs mois, voire plusieurs années. En France, traditionnellement, l’action de solidarité est davantage médicale, et souvent liée à une urgence humanitaire. Les French Doctors en sont le symbole le plus visible… Ce sont donc des médecins et des infirmières qui partent pour des missions courtes mais dont la subsistance est déjà assurée par un emploi en France. Ce qui, je pense, peut expliquer qu’ici l’engagement associatif soit presque assimilée à du bénévolat, et il peut être de mauvais ton de demander à être rétribué pour son travail. Qui plus est, le donateur français voit d’un très mauvais oeil que son argent parte… en publicité!!! Bref, à part les quelques « monstres » qui font le 20 heures régulièrement et utilisent tous les moyens de communication disponibles, le million d’associations françaises de petite taille doit encore compter sur le beau-frère du trésorier pour faire son logo… ce qui n’est pas pour aider la cause de la professionnalisation de notre métier!
Le Centre européen de santé humanitaire (CESH) est un groupement d’intérêt public qui s’est donné pour mission de former et de rapprocher les acteurs de l’humanitaire. Il y oeuvre par ses formations courtes et pragmatiques en santé et en solidarité – notamment des diplômes universitaires accélérés -, des travaux de recherche pratiques et l’organisation d’événements fédérateurs. Pour plus d’information : Julie Bégin – 04.37.28.74.57 –
Les Bancs de la com’ auront lieu ce 11 octobre à Ivry. Plus d’infos
Inscriptions Obligatoires ! Un événement en partenariat avec Categorynet.com
Le 11 octobre 2007 aura lieu la première journée de rencontre des professionnels de la communication du milieu associatif. Les Bancs de la com’ a comme volonté de réunir les chargés de communication du monde associatif afin de réfléchir aux spécificités de leur profession. Mais plus qu’une simple journée de rencontre, les Bancs de la com’ se présente comme les premiers pas d’une association des chargés de com’ associatifs. Rencontre avec une des organisatrices, Odile Ambry.
Pouvez-vous nous présenter votre initiative ? Les Bancs de la com’ sont des rencontres destinées aux chargés de communication du monde associatif (assocations de toute taille). La condition sine qua non c’est que ces associations aient quelqu’un en interne pour gérer leur communication.
L’idée est de valider en une journée d’échange, l’importance d’une rencontre des chargés de communication associatif et de faire prendre conscience à chacun des communicants que leur situation individuelle recouvre des problématiques collectives. Nous avons sélectionné deux grands thèmes pour les rencontres plénières : « la place et le rôle du chargé de communication au sein des structures » et, pour la seconde séance plénière, « Les propositions des Bancs de la Com’ ». Il y aura quatre ateliers : “la communication en réseau”, “la communication de crise”, “les relations presse” et “les relations publiques”.
Les chargés de communication des associations sont-ils vraiment différents d’un chargé de communication classique ?
Oui tout à fait. Ce sera d’ailleurs un des sujets abordés lors de notre rencontre. La communication associative est réellement différente de la communication d’entreprise. Nous allons discuter de ces différences, mais aussi tâcher de définir comment professionnaliser le secteur de la communication associative.
D’autres projets ?
A terme, l’objectif des Bancs de la com’ est d’agrandir le cercle des communicants afin de créer un réseau de professionnels de la communication associative afin de réfléchir au métier, etc.
En résumé
L’événement aura lieu le jeudi 11 octobre à Ivry de 9h00 à 17h00.
Les rencontres sont payantes à hauteur de 120 € pour les inscriptions avant le 5 septembre, 150 € au-delà de cette date limite. Le déjeuner est inclus.
Mobilisés depuis deux ans sur les problématiques découlant de notre profession de communiquant et des spécificités du monde associatif, nous avons inventé un lieu de rencontre et de réflexion, pour imaginer un événement où le dialogue amènera à la production collective : les Bancs de la Com’
Le 11 octobre à Créteil, nous vous attendons pour échanger et confronter nos expériences, analyser et optimiser nos pratiques en vue de construire ensemble un réseau porteur de nos inquiétudes mais surtout de nos propositions en matière de communication associative.
Au programme :
200 chargés de communication attendus
6 thèmes abordés en plénières et en ateliers
Des experts et spécialistes de la com’ mobilisés
Un format participatif original alliant fond et forme
La communication associative s’inscrit entre polyvalence et professionnalisation.
Face à la nécessaire reconnaissance de notre fonction et de la profession de responsable ou chargé de communication associatif, nous avons besoin de nous rencontrer pour élaborer ensemble des propositions à destination de nos interlocuteurs internes et externes, partenaires financiers et institutionnels.
Les Bancs de la com’ sont cet outil indispensable d’échange et de construction d’identité.