Odile Vernier de l’agence Beau Fixe commente l’actualité récente des médias et répond aux questions de l’Argus de la Presse. Rencontre.
Les nouveaux programmes d’identité visuelle sont portés par les médias en commençant par l’ANPE dont l’investissement a été jugé comme « abyssal ».
Que pensez-vous du débat engagé sur ces dépenses dites « excessives » qui se prolonge avec la création de nouvelles identités visuelles pour d’autres marques de références (SNCF, EDF…)?
Odile Vernier : Le débat autour des chiffres est un faux débat. La question n’est pas de savoir combien coûte la refonte d’une identité visuelle, mais plutôt de comprendre l’utilité d’un tel changement. Pour l’entreprise, ce changement doit être l’occasion de rompre avec son image passée, de tourner une page. En signifiant ainsi son renouveau, l’objectif principal de l’entreprise est de modifier sa perception auprès du public.
Si la nouvelle identité visuelle est en phase avec l’entreprise, le public attribuera naturellement les valeurs du logo à la marque. Le schéma est le même en interne : si les salariés s’approprient le logo, cela permet de créer une certaine fierté, de renforcer un sentiment d’appartenance. A contrario, si la nouvelle identité visuelle ne correspond pas à l’entreprise, une telle opération peut s’avérer catastrophique.
De plus, les goûts, la mode ne cessent de changer. Les codes, dictés par les jeunes sont en constante évolution. L’entreprise se doit de coller à cette évolution pour affirmer son caractère moderne, dynamique, tourné vers l’avenir.
Enfin, si l’on compare le coût d’une campagne publicitaire TV à l’investissement que représente une nouvelle identité visuelle, ce dernier s’avère dérisoire. Laissons donc aux chefs d’entreprise le soin de dépenser leurs crédits comme ils l’entendent. Et quand bien même cet investissement peut paraître exorbitant, peu importe le prix, ce qui compte réellement, c’est la valeur du changement et la pérennité de l’entreprise.
2) Après le rachat de la Socpresse par Serge Dassault, que pensez-vous de son désengagement par rapport à la PQR et notamment des titres comme le courrier de l’Ouest, Presse Océan ou la Voix du Nord ?
O.V. : Grand nombre de chefs d’entreprises rêvent de posséder un titre de presse, ce qui leur confère une part supplémentaire de pouvoir. Toutefois, la famille Dassault a toujours possédé des titres de presse, ce qui lui confère un statut particulier. En se désengageant de la PQR, Serge Dassault concentre ses investissements sur des titres qui lui semblent puissants en terme d’impact et qui constituent une caisse de résonance, une tribune de tout premier plan. Cependant, il ne nous appartient pas de juger de sa stratégie.
Malgré cela, ce choix stratégique fragilise la PQR, véritable charpente qui soutient la presse française.