Un chasseur de tête juge le marché de la com’

Michel Marie, PDG du cabinet Marie-Team ( spécialisé dans la recherche de cadres et de dirigeants pour les métiers de la Communication ) nous livre son analyse du marché.

Planète RP : Pensez-vous que la situation géopolitique et économique ait une influence sur le marché du recrutement dans les métiers de la communication ?

Michel Marie : Au-delà du grand débat sur les systèmes de valeurs comparés des civilisations qu’entraînent inévitablement (cette fois) les attentats du 11 septembre 2001 qualifiés à l’avance de « sans précédent » par les auteurs présumés ; Si l’on replonge dans « l’aquarium des industries et métiers de la communication » en France, tout se passe comme si le mélangeur de la douche passait automatiquement du tiède au froid.

La première observation, que l’on pouvait déjà faire en avril-mai 2001, tient aux attitudes et comportements d’un grand nombre de managers qui, électrisés et souvent aveuglés par des résultats exceptionnels en 2000, se sont contentés (dans leur tour d’ivoire le plus souvent) de projeter des objectifs fous du type 2001 = 2000 + 20 %. Les troupes n’ont pas compris et n’ont pas pu suivre. Les managers se retrouvent face à leurs hiérarchies et/ou actionnaires. La conjoncture n’arrange rien.

PRP : Quand prévoyiez vous un retour à la normale ?

MM : Sur fond de taux de croissance sans cesse revisité à la baisse, d’une Bourse qui plonge, d’une guerre d’un nouveau type (cnn titrait : New War) d’élections présidentielles en France en mai 2002 qui, comme toujours, vont provoquer de l’attentisme on ne voit pas très bien comment le baromètre pourrait revenir au beau temps avant une bonne dizaine de mois, (sans parler de l’Euro, des indicateurs inversés de l’emploi et de la vigueur des plans sociaux…). Dans ce contexte, les valeurs de la publicité sont en première ligne, le secteur de la communication est frontalement concerné par le report de la reprise : tous les analystes sont pour une fois d’accord. Le théorème de base étant, en terme de métier, que la consommation si elle fléchit, paupérise les emplois liés aux activités de soutien à la consommation, donc la com. C.Q.F.D. C’est presque trop simple… Dire qu’il y a un an on parlait de pénurie de compétences…C’est pour cette raison qu’un groupe comme Havas Advertising lance actuellement le claim de « l’ère des 4 R » = Résister, Recentraliser, Renforcer, Relancer (et pas Recruter…).Pour relativiser et ne pas sombrer corps et âmes dans la sinistrose, il faut observer que le nombre d’offres et de CV en ligne (on line) sur les sites ont augmenté respectivement en un an de 48 % et 116 % et le secteur de la com. y progresse très vite. (source APPEI : Association des Professionnels pour la Promotion de l’Emploi sur Internet, octobre 2001).
PRP : Cette crise engendrera-t-elle des mutations dans l’organisation des entreprises et les profils des cadres ?

MM : Le grand marché de la communication, deux études récentes le confirment (Top et Conseil & Annonceurs associés, octobre 2001), a des attentes précises et bien hiérarchisées qui s’appliquent aux prestations comme aux individus qui composent les structures :
· sens de l’écoute,
· compréhension des problèmes de plus en plus complexes,
· connaissance de la concurrence,
· réactivité,
· anticipation, prévision des évolutions (marchés, technologies, etc…),
· la créativité, ce qui suppose de « savoir déranger ». Les annonceurs ne sont pas si frileux qu’ils en ont l’air…

Ces valeurs émergent d’autant plus que la crise et sa perception sont fortes. Au moment où on « revisse les boulons » un peu partout et où on restructure, les dirigeants et managers devraient anticiper sur l’image de leur propre entreprise de communication (tant en interne qu’en externe) en mettant en œuvre, par exemple, les techniques d’outplacement. Histoire d’être humain…

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